Histoire et patrimoine

L’origine de la commune de Belcastel est fort ancienne, même si elle est peu documentée. La première mention remonte à 1221 : elle désigne un château fort installé à proximité d’un habitat probablement très antérieur. Le village a été concerné par le catharisme et la croisade des albigeois marquée par la sanglante prise de Lavaur en 1211.

En 1444 le village de Belcastel est cité avec ceux de Bannières et de Viviès dans une baronnie appartenant au seigneur de Lescure. Le village est adossé au château. Cette époque est prospère. Elle voit la construction du clocher- donjon de l’église Saint Étienne, complété quelques années plus tard par un porche de style Renaissance et une nef. La cloche principale, en bronze, porte la date de 1518, ce qui en fait une des deux plus anciennes du Tarn.

En 1524 une chapelle latérale est ajoutée à la nef par Jehan Raymond, prêtre habitant le lieu « Beau château », nom francisé de Belcastel.

En 1563, Raymond de Lescure cède son fief de Belcastel à Raymond de Bérail, seigneur de Gragnague, catholique. Le frère de Raymond de Lescure, protestant, conteste la vente et refuse de quitter le château. Les guerres de religion s’invitent pour un temps dans le village. Raymond de Lescure est chassé de Belcastel par une troupe de soldats de Raymond de Bérail et doit se réfugier à Toulouse. En 1574, le régisseur de Raymond de Bérail, le capitaine Brulague, livre à nouveau le château aux huguenots. Les Bérail catholiques en reprennent possession dix ans plus tard, cette fois sans soldat, par la seule intervention d’un huissier.

A Belcastel comme ailleurs, le seizième siècle a été celui des coups de main et le dix-septième celui des procès. René Le Sauvage, évêque de Lavaur entre 1673 et 1677 s’était efforcé d’apaiser les esprits, avec un certain succès. Il institua les Filles de la Foi de Lavaur, religieuses enseignantes, qui pour la première fois proposent un enseignement gratuit aux jeunes filles. Des sœurs enseignantes s’installent à Belcastel.

Le dix-huitième siècle voit la construction de plusieurs grandes maisons dans le village. En 1816, une grande croix en fer forgé est érigée. En 1853, les artistes Pedroni et Saint Genest réalisent les peintures murales de l’église.

La baronnie de Belcastel avait été cédée en 1637 à Louis Duverger, trésorier général. Elle fut acquise en 1768 par la famille de Lacoste qui y demeura pendant deux siècles. L’un de ses membres, Joseph de Belcastel, maire, édifia le lavoir toujours visible. Joseph de Belcastel fut aussi député du Tarn de 1906 à 1910. Il s’est illustré dans la promotion des sociétés agricoles

Jusqu’au milieu du vingtième siècle, la polyculture était omniprésente dans le territoire communal. Les statistiques de 1835 indiquent que Belcastel, peuplé alors de 520 habitants, comptait 1060 hectares de surface agricole utile, dont 808 hectares de terres, 41 hectares de prairies, 126 hectares de bois, 78 hectares de vignes et 7 hectares de « pâtures et bruyères. ». Aujourd’hui la commune compte 280 habitants et 889 hectares de surface agricole utile, mais pour seulement 10 exploitations. En deux siècles, l’élevage et la vigne ont pratiquement disparu au profit de la culture céréalière. La surface moyenne des exploitations a été multipliée par dix. Le remembrement a modifié le paysage, même si des nouvelles haies voient peu à peu le jour. La chasse aussi a évolué : les lapins ont disparu du fait de la myxomatose, les lièvres abondent, le grand gibier s’installe, notamment les chevreuils qui avaient presque totalement disparu il y a cinquante ans.

A la fin des années 1930, Belcastel comptait à peu près le même nombre d’habitant qu’aujourd’hui, environ 250. Mais les services de proximité y étaient fort nombreux. Dans le récit de ses tournées de 1939, sœur Marie Duvernay, clarisse de Lavaur, indique qu’on trouvait à Belcastel, outre l’école des sœurs et l’école laïque (deux écoles pour la commune !) , un bureau de Poste, un bureau de tabac (tenu par M. Druilhet), une épicerie (tenue par M. Fauré) et bien évidemment une mairie ouverte tous les jours. Il y avait aussi un curé résident. Le château employait une dizaine de salariés. Ce château neuf, reconstruit à la tout fin du dix-neuvième siècle par Marie de Belcastel, a subi un incendie en 1996.

Aujourd’hui la municipalité s’emploie à préserver cet héritage historique exceptionnel. Le centre du bourg a été réhabilité. La restauration de l’église a été commencée en 2023.

Xavier Patier